Dis, pourquoi t'allaites, toi?



J'ai allaité ma première enfant née en 2014. C'était une évidence pour moi, dès la grossesse, qu'en devenant maman, je donnerai mon lait à mon enfant. Je n'ai, à ma connaissance, aucun exemple d'allaitement maternel concret. Est-ce parce que j'ai vécu à la campagne, et que c'est dans l'ordre des choses pour les animaux de nourrir leurs petits avec leur lait? En fait, peu m'importent les raisons. J'ai voulu et j'ai allaité mes enfants. Je ne conçois pas mon rôle de maman sans allaiter. Mon attachement à mes enfants s'est fait grâce à l'allaitement. Je n'ai pas eu le débordement d'amour mentionné dans les romans à la naissance, mais je leur ai donné le meilleur de moi, et j'ai appris à les connaître, à les toucher et donc à les aimer avec leur petit corps collé au mien, lorsqu'ils buvaient mon lait. 

Pour ma fille aînée, l'allaitement au sein s'est terminé vers le 6e ou 7e mois de grossesse de mon deuxième. Donc en 2016. Elle voulait encore le sein, mais ne faisait que "tétouiller", ce qui me gênait sur le plan psychologique. L'allaitement est autant nourricier qu'affectif, mais là, je perdais la première fonction. C'était son lait mais c'était mon sein. J'ai donc décidé d'expliquer à ma fille que je ne souhaitais plus lui donner le sein si elle ne buvait plus le lait. Le sevrage s'est plutôt bien passé même si elle a fortement exprimée son désaccord. 

J'ai accouché de mon fils. Lorsque mon aînée est venue nous voir à la maternité, elle a subi une crise de larmes me voyant allaiter son frère. Et c'est vrai, qu'à aucun moment, j'ai mentionné le fait que je lui donnerai le sein à ce nouveau venu. Une évidence pour moi, mais pas pour elle qui criait : "c'est mon lait!!!". Du coup, je lui ai proposé une tétée en même temps. C'était très bizarre de voir sa tête s'approcher, si énorme par rapport à mon nouveau-né. Je n'ai pas particulièrement apprécié ce moment. Mais j'ai pu lui expliquer que c'était nécessaire pour le nouveau-né, alors qu'elle, elle pouvait compenser mon lait par d'autres aliments. Pendant de très longs mois, elle me regardait avec un certain regret dans les yeux, enfin je l'ai interprété comme tel, quand j'allaitais son frère. 

Frérot a désormais 14 mois. Je l'allaite toujours, à peu près 2 à 4 fois par jour. Ma fille ne demande que très rarement le sein, et je lui ré-explique pourquoi je ne lui donne plus.

Il y a un mois, mon fils n'a plus voulu du biberon pour le goûter à la crèche. J'ai donc cédé et dit OK pour le goûter-bouilli à base de préparation pour bébé. Je ne suis pas satisfaite car la crèche aurait pu proposer un autre aliment. Mais ils ne fonctionnent que par tranche d'âge sans aucune considération extérieure ni concession. Ils se facilitent le raisonnement... Mais on est loin de l'adaptation à l'enfant. Petit sujet sensible. Mais j'ai cédé. Je prends patience en me disant que les discussions avec les professionnels, même si elles ne semblent pas écoutées, seront entendues comme des petites graines qui germeront un jour.

Avec cet espoir, il m'a fallu m'interroger : je continue de tirer mon lait ou pas? J'ai un bon rendement régulier. Un don de lait maternel? Je le donne à ma fille? Je me fais un stock pour mon fils?

J'ai déjà un très bon stock au congélateur. Donc un matin, je propose à ma fille de mon lait à la place du yaourt qu'elle prend d'habitude. Elle a eu une mine interrogatrice, et voyant que je ne plaisantais pas, sa mine est devenue radieuse. Banco, elle a désormais le choix le matin de boire du lait de maman. Elle boit ce que j'ai tiré la veille, soit 150 mL environ. Ce qui exclut le don de lait maternel.

J'allaite donc mes deux enfants. On appelle cela le co-allaitement. Je connaissais, mais je n'aurais pas imaginé le co-allaitement dans cette forme-là. Quelque soit l'âge de l'enfant, le nombre d'enfants allaités, ou la situation, tout simplement, l'allaitement se fait vraiment au cas par cas. 

Cela fait un mois que nous avons ce rythme. J'espère pouvoir le garder longtemps. J'aime l'idée de proposer le meilleur à mes enfants, et de m'éloigner toujours un peu plus de la consommation animale. 

Et puis, ce matin-là, ma fille me regarde dans les yeux, en ouvrant le réfrigérateur pour chercher sa petite bouteille de lait de maman, et me dit : "J'aime ton lait, maman". Puis repart à ses tâches ménagères, c'est-à-dire, participer à l'élaboration du petit-déjeuner.

Cette phrase-là restera dans mon coeur, je l'espère à jamais. Sacrée petite fille. Je ne sais pas si elle mesure la force de sa phrase pour le coeur d'une maman un peu patraque en ce moment. Du coup, je l'écris, pour m'en souvenir sûrement, pour lui témoigner mon expérience aussi.



En savoir plus...
la bible de l'allaitement : l'allaitement malin, de Véronique Darmangeat
mon tire-lait : spectra s1
mon loueur de tire-lait : www.suckle.com





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